Je suis né dans un recoin de Lyon que les cartes postales oublient volontairement. Pas de berges idylliques, ni de traboules mystérieuses aux airs touristiques. Non, ici, c’était les faubourgs de la Guillotière, les venelles sales où les jours s’effilochaient entre béton et résignation. Le soleil ? Il passait en coup de vent, comme s’il craignait de salir ses rayons. C’était pas le Vieux Lyon romantique, ni même les Terreaux agités. Plutôt une version très underground de “Six pieds sous terre”, sauce bouchon fermé.
Ma mère, le genre de femme à faire plier un contremaître avec un regard, bossait comme une damnée dans une usine de textile à Vaulx-en-Velin.
Mon père ? Présent comme une illusion. Assis sur son fauteuil, il fixait la télé comme si chaque pixel contenait une réponse à ses angoisses existentielles. Et moi, petit paquet de nerfs, je galopais dans tous les sens, cherchant un peu de douceur dans un décor qui ne savait pas ce que ce mot voulait dire.